Association Nationale du Souvenir de la 1° D.B Polonaise

La 1DB Polonaise de Caen à Wilhelmshaven

 NAISSANCE ET ORIGINE DE LA PREMIERE DIVISION BLINDEE POLONAISE

Après de multiples péripéties des plus rocambolesques aux plus tragiques, suite à l'occupation de la Pologne par les Nazis et les Soviétiques en 1939, à la débâcle française de 1940 des contingents hétéroclites de l'Armée Polonaise, ayant combattu en Pologne et en France, parviennent en Grande-Bretagne et se regroupent en Ecosse.
Le 26 février 1942, sur ordre du Général SIKORSKI, Chef du Gouvernement Polonais en exil à Londres, et avec l'accord du Gouvernement Britannique naît la Première Division Blindée Polonaise.

Les éléments de cette Division Blindée se composent de contingents ayant combattu en Pologne et en France ;
puis de volontaires polonais venus du monde entier : Agntine, Brésil, Canada, U.S.A, France ; beaucoup plus tard, d'importants éléments de soldats de l'Armée Polonaise du Moyent-Orient, que le Général Anders avait réussi à faire sortir de l'U.R.S.S. A l'origine ces unités provenaient de formations de cavalerie, arme blindée ou motorisée.

Dans les combats très sanglants de Pologne en 1939 et de France en 1940, les Allemands avaient surnommés de"Schwartze Brigade" (Brigade Noire), la 10° Brigade de Cavalerie Blindée. C'est la raison du port d'une épaulette noire sur nos uniformes.


Après 18 mois d'organisation et d'instruction intensives, la 1ère D.B. Polonaise compte :

·  885 officiers

·  15210 sous-officiers et hommes de troupe

·  381 chars de combat

·  473 pièces d'artillerie (sans compter celle des chars)

·  4 050 véhicules


La Division est ainsi composée :

·  Quartier Général de la Division

·  Régiment de reconnaissance sur chars "Cromwell"

·  1Oème BRIGADE DE CAVALERIE BLINDEE :
1er Régiment de chars de combat
2ème Régiment de chars de combat
24ème Régiment de lanciers sur chars
10ème Régiment de dragons (infanterie motorisée)

·  3ème BRIGADE D'INFANTERIE :
1er Bataillon de chasseurs de "Podhale"
8ème bataillon de chasseurs
9ème bataillon de chasseurs
1er Escadron indépendant de mitrailleuses

·  ARTILLERIE DIVISIONNAIRE :
1er Régiment d'artillerie de campagne (autotracté)
2ème Régiment d'artillerie de campagne (tracté)
1er Régiment d'artillerie antiaérienne
1er Régiment d'artillerie antichars
- Bataillon de génie
- Bataillon de transmission
- Escadron de régulation routière

Les Services :
- Deux compagnies de dépannage et de réparation
- Deux compagnies sanitaires
- Trois compagnies de ravitaillement

Embarquée dans les ports du sud de l'Angleterre le 29 juillet 1944, la Division a débarqué sur les plages en Normandie (code JUNO) et était regroupée entre les plages de la Manche et Caen.
La Première Division Blindée Polonaise fut intégrée à la 1ère Armée Canadienne du Général CRERAR, elle-même incorporée au 21ème Groupe d'Armée du Maréchal MONTGOMERY.

 

L'ACTION DE LA PREMIERE DIVISION BLINDEE POLONAISE EN NORMANDIE

Au cours de la nuit du 7 au 8 août, ordre fut donné à la Division de traverser Caen pour atteindre au lever du jour les faubourgs sud de la ville. Caen était alors à ce point détruit que les bulldozers durent ouvrir le passage à travers les ruines.

La 51ème Division d'Infanterie Ecossaise - qui faisait également partie de l'Armée Canadienne - tenait le secteur le plus difficile du front ; elle avait pour mission d'enfoncer le front allemand sur 2 à 3 km ; nous devions exploiter cette ouverture pour avancer en profondeur jusqu'à la rivière Dives et si possible, plus loin. En réalité, cela ne fut ni simple ni facile. Dès que le 24ème Lanciers et le 2ème Régiment Blindé eurent dépassé les positions écossaisses, ils se trouvèrent sous le feu efficace des canons anti-chars, de l'artillerie, des mortiers et des Blindés lourds du 1er Corps S.S. Les régiments de tête subirent dès le début de lourdes pertes. En fin de journée on comptait 26 chars détruits sur les 36 engagés en première ligne et on déplorait des dizaines de tués et de blessés.

Le 9 août la Division reçut l'ordre d'attaquer frontalement en direction de Falaise. A notre droite se trouvait la 4ème Division Blindée Canadienne ; la progression devait être menée simultanément. La 4ème Division Blindée réussit à progresser, mais les pertes étaient disproportionnées par rapport au succès obtenus ; 50 chars détruits, 15 officiers, dont le Colonel commandant le Régiment Columbia et 100 hommes de troupe tués, un bataillon d'infanterie anéanti.

De son côté, la 1ère D.B. Polonaise avait avancé de quelques kilomètres et se trouvait approximativement sur la ligne Cauvicourt-Soignolles. L'attaque par surprise fut décidée. Cette action début à 20 h 30 et fut sur le point de réussir. Le mouvement rapide des chars associé au feu de toutes les armes permirent au 1er R.B. de progresser de 3 km en détruisant toute résistance sur son passage. En 10 minutes les bords du ravin Rouvre étaient atteints. Le succès, oui, mais sans l'infanterie et avec la nuit qui tombait il ne pouvait être question de tenir le terrain conquis. D'ailleurs les prisonniers allemands profitant de l'obscurité, commençaient à disparaître et reprenaient la lutte. Il fallut donc reculer sur nos positions de départ. Nous ramenions dans nos lignes 4 officiers et 80 soldats allemands, ainsi qu'une centaine de Canadiens capturés par les Allemands au cours des combats précédents. Nos pertes étaient sévères : 20 chars détruits, 35 membres d'équipage tués ou blessés dont 8 officiers.

Entre le 10 et le 14 août, seule une partie de la Division fut engagée. A l'Etat-Major de Corps d'Armée, les leçons des premiers jours avaient porté leurs fruits, on avait compris qu'une attaque frontale ne pouvait réussir et qu'il fallait bâtir une tactique de manoeuvre ; l'Armée du Général PATTON, déjà loin dans le Sud remontait vers Argentan. On voyait alors se dessiner une possibilité ; l'encerclement et l'anéantissement de la 7ème Armée Allemande. Pour la première fois apparaissait aussi l'expression de "Poche de Falaise".

Le nouveau plan confiait l'effort principal et la responsabilité de l'opération aux deux divisions blindées de l'Armée Canadienne : la 1ère D.B. Polonaise et la 4ème D.B. Canadienne. Ces deux unités devaient s'emparer de Trun et couper les routes qui auraient pu permettre à la 7ème Armée Allemande de battre en retraite vers l'Est.

Le 15 août est un jour de fête pour les soldats polonais en souvenir de la victorieuse bataille de Varsovie contre les troupes de l'U.R.S.S. en 1920. Donc ce jour-là, le 10ème Régiment de reconnaissance de la Division, avec l'appui des Dragons et des canons anti-chars, conquit Jort sur la rivière Dives. Ainsi s'ouvrit la possibilité de passer sur la rive sud de la rivière. Dans le même temps, la 10ème Brigade Blindée traversait cette rivière et son 1er R.B. atteignait en soirée les premiers coteaux sur la rive sud de la Dives. Notre Division avait réussi à percer les défenses allemandes.

Le 16 août, la Division poursuit son effort en direction de Trun, afin de couper les routes qui pouvaient permettre la retraite des Allemands vers l'Est. La Division libérait Morteaux-Couliboeuf.

Le 17 août, la Division libérait Louvagny, Barou, Norrey-en-Auge, les Moutiers-en-Auge. Tandis que les deux Divisions Blindées accentuaient leur pression vers Trun, la Division d'Infanterie Canadienne entrait à Falaise.

Avant que nous ayons achevé notre mission, le Maréchal MONTGOMERY décidait de modifier notre objectif ; au lieu de Trun nous devions nous emparer de Chambois, à 8 km plus au Sud. Au vu de cette nouvelle mission, le Général S. MACZEK dut réorganiser le dispositif de la Division. Il devait tenir compte du fait que sa division était en pointe, alors que la 4èmee D.B. Canadienne était à 7 km en arrière et que les flancs Est et Nord-Est étaient à découvert. Il constitua un groupement de combat des 24ème Lanciers, 10ème Régiment de Dragons et du Régiment de reconnaissance de la Division qui partit en direction de Chambois, le reste de la Division se dirigeant vers la cote 262 - Montormel à 4 km à l'est de Chambois.

Le 18 août la Division libérait la région d'Ecorches.

 

LA BATAILLE DE MONTORMEL ET DE CHAMBOIS LES 19 - 20 - 21 août 1944

Le 19 août vers midi, le 1er R.B. atteignait la cote 262 - Mont Ormel et surprenait, sur la route de Chambois-Vimoutiers, une colonne allemande qu'il détruisait. Le groupement du Montormel se composait alors du 1er R.B. et de deux bataillons d'infanterie ; par la suite le 2ème R.B. et le reste de la brigade d'infanterie renforçaient ce groupement.

L'autre groupement : le 24ème Lanciers, le 10ème Régiment de Dragons et le Régiment de reconnaissance de la Division, occupait Chambois et en fin de journée faisait jonction avec un bataillon de la 90ème Division d'Infanterie Américaine (358ème Bataillon). Mais la bataille n'était pas finie, nous avions intercepté des ordres du 2ème Corps Blindé Allemand donnant instruction à toutes les unités de détruire la 1ère Division Blindée Polonaise pour permettre l'ouverture des routes conduisant vers l'Est.

Pendant ces trois jours, les 19-20-21 août, la 2ème S.S. Panzer Division Allemande essaya de déloger et d'anéantir le groupement polonais du Montormel. En même temps venant de l'Est et du Nord-Est se succédaient des attaques menées par des unités du 2ème Corps Blindé Allemand ; il s'agissait des unités qui avaient pu sortir de la "poche" avant le 19 août. Obéissant aux ordres, elles tentaient de réouvrir les routes pour les unités restant dans la nasse.

Le régiment de chasseurs à cheval (Régiment de reconnaissance de la Division) occupait une position entre Chambois et Montormel, la côte 113. Ce régiment avait subi l'attaque du 84ème Corps Allemand que commandait personnellement son Chef, le Général OTTO VON ELFELDT. Cette tentative échoua aussi et le Commandant de Corps, son Etat-Major et environ 1000 de ses hommes furent faits prisonniers. Nos pertes étaient extrêmement lourdes, et si cette bataille put être gagnée, ce fut grâce à la ténacité et à la vaillance des soldats polonais.

C'est seulement le 21 août que la 4ème D.B. Canadienne a rejoint le groupement polonais sur Montormel qui, isolé depuis trois jours, s'opposait à toute tentative de l'ennemi d'ouvrir la route vers l'Est.

Le soir du 21 août les attaques des Allemands devenaient plus espacées et plus faibles. La bataille était gagnée. Dans cette destruction des 10 divisions d'élite de l'Armée Allemande, la 1ère D.B. Polonaise avait conquis une place d'honneur.

Sur le Montormel, le génie canadien installa un panneau - remplacé plus tard par un monument - signalant cet endroit comme étant "a Polish battlefield", un camp de bataille Polonais.

Pendant la bataille de Normandie, la 1ère D.B. a perdu :


Tués et blessés :

·  135 officiers.

·  2 192 sous-officiers et hommes de troupes.
Elle a capturé plus de 5 600 prisonniers dont 150 officiers.


 

LA POURSUITE

Après un repos de quelques jours, bien mérités et l'intégration des réserves, pour combler les pertes subies pendant la bataille de Normandie, la 1ère D.B. Polonaise est entrée dans la deuxième phase de son action pour la libération de l'Europe de l'Ouest appelée " la poursuite".

Après la défaite de la 7ème Armée Allemande, la victoire des Alliés en Normandie et en même temps le succès des Américains vers Paris, les conditions semblent être propices pour une rapide avance.

Les Armées Alliées traversent la Seine, la 4ème D.B. Canadienne a déjà une Brigade sur la rive droite. Il semble que l'ennemi n'a pas eu le temps d'organiser une ligne de défense et s'efforce de nous retarder avec des petits groupes de résistance "Kampf Gruppen".

La 1ère D.B. Polonaise reçoit l'ordre de faire mouvement vers la forêt domaniale de Bord à 15 km au sud de Rouen. La Division arrive au début de l'après-midi du 30 août à proximité de Criquebeuf-sur-Seine et le 31 août traverse le fleuve par le pont de "Varsovie", construit par le génie de la Division.

L'ordre du jour est de dépasser la 3ème D.I. Canadienne et de continuer la poursuite de l'ennemi vers Abbeville.

Le 1er septembre les éléments de la D.B. forcent le passage sur la rivière Bresle, libèrent Blangy Sur Bresle et les régions de Béhen- Foucarmont - Les Essarts Varimpre. Le 2 septembre les premiers éléments de la Division atteignent la Somme.

Le 3 septembre la ville d'Abbeville est libérée sans l'utilisation massive d'artillerie, pour épargner la population civile.

Le 4 septembre c'est au tour de Ruisseauville et Crépy d'être libérés. La Division poursuit son effort dans la direction de Saint-Omer et la frontière belge.

Le 5 septembre progressant sur deux axes les éléments de la 1ère D.B. Polonaise libèrent Saint-Omer, après un engagement sévère. Depuis, Abbeville et Saint-Omer célèbrent chaque année, l'anniversaire de leur libération sous les monuments érigés par les habitants.

Le 6 septembre la 1ère D.B. Polonaise franchit la frontière belge à 13 h 40 et le jour même s'empare de la ville d'Ypres.

La résistance de l'ennemi devient de plus en plus dure, néanmoins les villes de Roulers, Thielt sont libérées et nous infligeons de lourdes pertes à l'ennemi, qui essaye de stabiliser le front sans succès. Notre objectif maintenant est la ville de Gand. 

Pendant cette période de 9 jours la Division à parcouru 400 km.
Les pertes de la Division sont de 32 officiers et de 462 sous-officiers et hommes de troupe.

La première D.B. Polonaise a capturé 63 officiers et 4 862 sous-officiers et hommes de troupe.

A consommé :

·  834 tonnes de nourriture,

·  2 047 tonnes de munitions

·  2 661 tonnes de carburant.

Les camions de ravitaillement ont parcouru en moyenne 2 300 km (tenant compte que les bases de ravitaillement étaient encore en Normandie.


Le 25 novembre 1944, le Maréchal MONTGOMERY arrive à Breda et décore notre Général S. MACZEK, ainsi que d'autres officiers de notre Division.

Quatre jours plus tard le Général EISENHOWER inspecte les détachements de la Division. Un escadron d'honneur part à Paris en février 1945, pour une remise de décorations qui a lieu à l'Arc de Triomphe en présence du Général JUIN, Chef d'Etat-Major.

Après la Cérémonie le Général de GAULLE remercie la Division pour ses actions sur le sol français :

·  Bataille de Falaise,

·  libération d'Abbeville, Saint-Omer et autres localités.


 

LA LIBERATION DU NORD DE LA BELGIQUE ET DU SUD DES PAYS-BAS

Après la libération des villes belges d'YPRES, THIELD, ROULERS, l'objectif principal de la Division est de libérer au plus vite le territoire de GAND à la mer en direction du port de TERNEUZEN et l'embouchure de l'ESCAUD, front de 30 km et par la suite, de détruire la défense allemande solidement implantée dans le port d'ANVERS.

Les combats de la Division sont acharnés sur le terrain peu propice à nos blindés : mou, plat, marécageux, entrecoupé de nombreux canaux, ponts détruits, secteurs au-dessous du niveau de la mer inondés par les allemands ; seules les routes sur digues sont praticables ; pas question de manoeuvrer plein terrain.

Après de furieux combats, le nord de GAND, AXEL, ST-NICOLAS, TERNEUZEN sont libérés.

Lors de ces combats, nos pertes d'élèvent à 75 tués et 191 blessés. La Division fait prisonniers 19 officiers, 1 154 hommes de troupe ; elle s'empare de 4 canons lourds sur rail de 210 mm, de 42 pièces d'artillerie, de 12 mitrailleuses lourdes, de 2 chalands de débarquement, de 42 véhicules, et d'1 dépôt de carburant.

Après ces combats, la Division se repose, mais pour peu de temps, juste ce qu'il faut pour se réorganiser. De nouveaux objectifs s'imposent : la libération de la Hollande et plus particulièrement la libération de TILBURG et surtout BREDA, capitale du BRABANT-NORD. Fin septembre 1944, la Division attaque des positions très renforcées sur le CANAL-ALBERT, le terrain difficile retarde notre avance et sert nos ennemis. Nous subissons des pertes, mais l'ennemi recule devant notre détermination.

La Division s'empare de BAARLE-NASSAU, ALPHEN, TURNHOUT. Le 6 octobre, la Division reçoit l'ordre d'assurer le terrain difficilement conquis et d'attendre des renforts alliés. Durant ces derniers 8 jours, nos pertes s'élèvent à 34 officiers tués, 351 soldats tués ou blessés. Nous faisons prisonniers 35 officiers et 1 502 soldats, 32 pièces d'artillerie sont saisies.

La route de BREDA est ouverte, mais les hommes sont exténués, un répit nous est accordé pour réparer et entrenir le matériel qui a beaucoup souffert.

Le 22 octobre, les Alliés lancent une grande offensive. Des Divisions Canadiennes, Britanniques, Américaines attaquent en direction de ROOSENDALL, DIEP, TILBURG. Notre Division reçoit l'ordre d'engager les forces Allemandes bien retranchées dans des fosssés anti-chars à TEROVER, GILZE, OSTERWYK. La progression alliée est très lente, toutefois notre Division progresse plus rapidement et occupe GILZE. Quelques heures plus tard, la route principale BREDA-TILBURG est coupée. Nos troupes poursuivent leur avance vers l'important CANAL WILHELMINE. Les allemands se défendent avec acharnement en lançant une contre-attaque qui est stoppée par notre artillerie. Dès le matin du 29 octobre toute la Division attaque en direction de BREDA ; les combatss acharnés continuent toute la journée du 30 octobre autour de BREDA et dans la ville même, qui est libérée dans la soirée.

Ces 4 jours de combats pour la capitale du BRABANT-NORD s'inscrivent après le bataille de FALAISE-CHAMBOIS, en NORMANDIE. Au tableau d'honneur de la Division comme son deuxième grand succès pour la Libération de l'Europe occupée. De plus elle a évité à cette belle ville des destructions qu'auraient provoqué les bombardements de l'artillerie et de l'aviation.

C'est une Brigade Canadienne attachée à notre Division combattant au Sud de BREDA qui se charge de prendre les très nombreux prisonniers et l'important matériel laissé par l'ennemi. L'enthousiasme de la population Hollandaise est à son comble lorsque le Général MACZEK installe officiellement à l'Hôtel de Ville l'ancien maire, qui pendant l'occupation Allemande avait été obligé de se cacher.

En remerciement de nos exploits, à la fin de la Guerre, tous les soldats de la 1ère D.B. Polonaise sont déclarés citoyens d'honneur de la ville de BREDA. Mais la bataille de HOLLANDE n'est pas terminée, nous devons atteindre l'estuaire HOLLANDSH DIEP et détruire une importante place forte a MOERDIJK.

Le 3 novembre commence cette opération qui s'avère très difficile. Les Allemands depuis des années y ont aménagé des lignes de défense avec bunkers d'artillerie et nous opposent une résistance obstinée. Nous demandons l'aide de l'aviation pour réduire au silence le puissante artillerie ennemie. La Division se déplace alors largement au Nord du CANAL MARK et occupe plusieurs localités.

Le 8 novembre, se prépare l'attaque décisive sur la forteresse de MOERDIJK avec l'aide de 9 Régiments D'Artillerie Polonaise et Canadienne, plus un groupe Canadien de lance-fusées multi-tubes. Les conditions météorologiques sont mauvaises, seule l'artillerie peut appuyer notre action. Le terrain est toujours marécageux, l'avance est lente et pénible : certaines unités d'infanterie ont de l'eau jusqu'à la ceinture ! Nous parvenons à MOERDYK où les combats continueront toute la journée dans les ruines de la ville et finiront dans la nuit après la déroute ennemie.

Enfin la 1ère D.B. Polonaise prend ses quartiers d'hiver à BREDA, cité moyennâgeuse et très commerçante où elle trouve un accueil très chaleureux. La population nous sait gré d'avoir libéré leur ville sans destructions et effusions de sang pour les leurs.
 

LA DERNIERE ETAPE DU 06-04-1945 AU 06-05-1945

La première D.B. Polonaise passe l'hiver 1944-45 aux PAYS-BAS sur le front de la MEUSE, avec la mission d'interdire le passage de cet obstacle naturel à l'ennemi. Le 6 avril 1945, elle reçoit l'ordre de rejoindre le 2ème Corps Canadien qui a forcé le RHIN le 23 mars et qui progresse à l'intérieur de l'Allemagne Nazie. Le 2ème Corps Canadien dont nous faisions partie durant les premiers combats de la Division en NORMANDIE, est devenu notre ami.

Nous avions à notre gauche la 2ème D.I. Canadienne et la 4ème D.B. Canadienne à notre droite. Nos excellentes relations avec les Etats-Majors et les Unités facilitèrent, sans aucun doute, notre tâche. La zone de concentration que devait rejoindre la 1ère D.B. Polonaise se trouvait dans la région d'Hengelo, ce qui représentait une distance de 250 km qui fut couverte en 36 heures.

Dès notre entrée en Allemagne, nous avons été frappés par la destruction compète de certaines villes et villages. Sur les ruines ou sur les quelques maisons intactes, partout pendaient des drapeaux blancs et la population civile nous recevait avec crainte et servilité.

La 1ère D.B. Polonaise est entrée en action le 9 avril : séparée en deux groupes de combat, elle avait pour mission de conquérir et de nettoyer le terrain jusqu'à la mer du Nord en progressant le long des deux rives de la rivière EMS (direction générale Nord-Nord-Est). Cependant la configuration du terrain ne se prêtait guère à l'action d'une division blindée : multiples canaux, routes chevauchant souvent des digues, sans grande possibilité de manoeuvres. Les destructions des ponts, des routes et des passages obligés, compliquaient encore notre progression. L'adversaire était surtout composé de bataillon d'infanterie de marine, appuyés par des chars et des canons anti-chars. C'était des troupes fanatisées qui se battaient durement.

Chaque jour, la Division était confrontée au problème des réfugiés, des travailleurs forcés et des prisonniers de toutes nationalités. Dès qu'elle était libérée par les Unités de la Division, cette foule se mettait aussitôt en marche vers l'Ouest, traînant sur des charrettes ou des bicyclettes, leurs biens personnels et n'ayant qu'une seule idée en tête : s'éloigner au plus vite du lieu ou ils avaient été détenus. Il y avait des Français, des Belges, des Yougoslaves, des Grecs et de nombreux prisonniers Russes. Il y avait aussi des Polonais qui, libérés par leurs compatriotes, prenaient une importance certaine pour cette multitude de gens désorientés. Parmi la libération des multiples camps, l'événement le plus marquant fut celle du camp de OBERLANGEN : les Nazis y avaient enfermé les femmes qui servaient dans les forces de l'Armée Polonaise de l'intérieur et qui avaient pris part aux combats du soulèvement de Varsovie en août 1944 : elles étaient au nombre de 1 7OO.

Le 19 avril, la mission de la 1ère D.B. Polonaise fut changée et notre objectif devint alors WILHEMSHAVEN, le plus grand port de la marine de guerre Allemande.

Le 5 mai 1945 la Division étant parvenue à 20 km de WILHEMSHAVEN, nous avons reçu l'ordre de cesser le feu à partir de 8 heures le matin ; l'armée Allemande avait capitulé sans conditions.

La première zone d'occupation de la 1ère D.B. Polonaise couvrait toute la Frise Allemande, y compris le port de WILHEMSHAVEN. Pour cette ultime phase des combats, nos pertes s'élevaient à 37 officiers, 567 sous-officiers et hommes de troupe.

Les pertes de l'ennemi, pendant cette même période n'ont pas été recensées, mais nous avons fait prisonniers 48 officiers et plus de 5 000 sous-officiers et hommes de troupe.

Le Haut-Commandement Britannique reçoit la reddition du port de WILHEMSHAVEN à bord du navire "Royal Ruppert" en présence de l'Amiral Britannique GOULD. La 1ère D.B. Polonaise était représentée par le Colonel GRUDZINSKI.


La prise de guerre par les Autorités Alliées est très impressionnante :

·  environ 7 croiseurs,

·  plusieurs contre-torpilleurs,

·  18 sous-marins,

·  205 bâtiments de guerre,

·  94 canons de forteresse,

·  159 canons divers,

·  560 mitrailleuses,

·  40 000 fusils,

·  280 000 obus,

·  64 millions de cartouches,

·  23 000 grenades,

·  les dépôts de mines et torpilles.

Se rendent également les Commandants de :

·  la Forteresse de la Base Navale,

·  de 10 Divisions d'Infanterie,

·  de 8 Régiments d'Artillerie,

·  2 Amiraux,

·  1 Général,

·  1 900 Officiers,

·  32 000 Soldats.

C'était la première fois dans l'Histoire millénaire de la Pologne qu'une grande Unité de forces Armées Polonaise se trouvait en Allemagne de l'Ouest en tant que vainqueur et qu'elle occuperait pendant presque deux ans la Frise Allemande.

 

Statistiques


Quelques chiffres reflétant l'effort de la 1ère D.B. Polonaise :


Pendant 283 jours de combat entre CAEN (Normandie) et WILHELMSHAVEN (Allemagne) les chars de la Division ont parcouru en moyenne 1 800 km.

Les Services d'Approvisionnement ont transporté :

·  10 300 tonnes de munitions,

·  14 900 tonnes de carburant

·  12 230 tonnes de nourriture.

Le Génie de la Division a construit :

·  74 ponts "Bailey" representant 1 650 mètres de longueur,

·  plus de 840 mètres de ponts improvisés.

Les pertes infligées à l'ennemi par la Division ont été de :

·  100 chars,

·  160 canons automoteurs,

·  310 canons anti-chars

·  30 véhicules blindés.

La Division a fait prisonnier environ 23 000 soldats ennemis dont le Général Von ELFELDT, commandant le 84ème Corps d'Armée.

 

OCCUPATION D'UNE ZONE EN ALLEMAGNE PAR LA 1ERE D.B. POLONAISEDU 6 MAI 1945 AU PRINTEMPS 1947

Après quelques semaines passées sur les lieux mêmes où s'étaient terminés les combats, la 1ère D.B. Polonaise obtient une zone d'occupation qui s'étendait entre la frontière Hollandaise à l'Ouest de la ville d'OLDENBURG à l'Est.

L'Armée Canadienne ayant été démobilisée en priorité, notre Division faisait maintenant partie du 30ème Corps d'Armée Britannique.

En tant que troupe d'occupation, notre mission consistait, d'une part au maintien de l'ordre dans la zone concernée et d'autre part de maintenir un groupe de combat en état de se déplacer rapidement pour intervenir en dehors de notre zone d'occupation en cas de besoin. Le Quartier Général de la Division se trouvait à MEPPEN.

C'est avec beaucoup de regrets que les soldats de la Division saluèrent le départ de son Commandant en Chef, le Général S. MACZEK, qui venait d'être nommé Commandant du 1er Corps d'Armée en Ecosse. Notre nouveau Commandant en Chef était le Général RUDNICKI, qui commandait en second la Vème D.I. Polonaise pendant la campagne d'Italie.

Dès le début, la 1ère D.B. Polonaise fut confrontée aux problèmes que posaient les prisonniers de guerre et les personnes déplacées. L'ampleur de ces problèmes dépassait de loin nos possibilités et notre préparation pour résoudre ces cas douloureux. Uniquement dans la zone que nous occupions il y avait déjà 23 000 personnes déportées de Pologne comme travailleurs forcés (S.T.O.) et on estimait qu'il y avait en Allemagne plus d'un million de prisonniers de guerre, et de personnes déplacées d'origine Polonaise. Très vite, la nouvelle que l'Armée Polonaise occupait une zone en Allemagne s'était répandue dans toute la partie occupée par les Alliés occidentaux et provoqua un afflux massif de réfugiés dans notre zone. L'Etat-Major fut très vite submergé de demandes de toutes sortes. Il fallut donc organiser en parallèle un autre Etat-Major constitué d'officiers "prêtés" par tous les régiments et services pour traiter ces problèmes.

Les résultats les plus spectaculaires furent :

·  La création d'une ville "HARREN", rebaptisée "MACZOKOW", exclusivement habitée et administrée par les personnes déplacées d'origine Polonaise,

·  L'organisation de l'accueil des nouveaux arrivants,

·  La création d'écoles et d'hôpitaux,

·  L'installation de conseils juridiques,

·  L'organisation d'une paroisse,

·  La rédaction d'un quotidien en langue Polonaise,

·  La mise en place d'une antenne qui s'occupait de l'émigration vers les pays occidentaux.

Pour mieux comprendre le refus de ces personnes de retourner en Pologne, il faut se rappeler que la Russie Soviétique avait inclus dans ses frontières la moitié du territoire Polonais : il n'y avait pas beaucoup de volontaires pour devenir des citoyens de l'U.R.S.S.

En 1946, notre zone d'occupation fut agrandie car la Brigade de Parachutistes stationnée en Angleterre avait rejoint la 1ère D.B. en Allemagne. Le Général RUDNICKI devenait ainsi le Commandant en Chef du Corps Expéditionnaire des Forces Armées Polonaises en Allemagne.

Nos relations avec les autorités militaires Britanniques étaient très bonnes : elles comprenaient nos problèmes et essayaient de nous aider de leur mieux. Les organismes Britanniques politiques, et en particulier ceux qui s'occupaient de la gestion de la zone d'occupation de la Grande-Bretagne (U.N.R.A.) se comportaient tout à fait différemment. Leur but était de faire pression, et parfois de façon fort brutale, sur les prisonniers de guerre et les personnes déplacées pour qu'ils retournent en Pologne.

Le fonds humanitaire provenant des dons des soldats de la Division s'élevait à 950 000 Marks au 1er avril 1946. L'aide matérielle en vêtements, nourriture, équipement des logements, s'élevait pour la même période à plus de 5 000 tonnes. Les véhicules de la 1ère D.B. avaient parcouru dans ce but strictement humanitaire 2 584 000 miles.

Le départ de la 1ère D.B. Polonaise d'Allemagne vers les Îles Britanniques commença au printemps 1947.

 

EPILOGUE

LES SOLDATS POLONAIS ONT ACCOMPLI LEUR DEVOIR JUSQU'AU BOUT MAIS ILS N'ONT PAS OBTENU LE DROIT DE RENTRER DANS LEUR PAYS EN LUI APPORTANT LA LIBERTEE TANT SOUHAITEE.

CEUX DE LA PREMIERE DIVISION BLINDEE POLONAISE SE SONT SENTIS FRUSTRES, MAIS EN MÊME TEMPS FIERS D'AVOIR ACCOMPLI LEUR DEVOIR ET APPORTE LA LIBERTE AUX POPULATIONS DES PAYS AMIS.

MALGRE LES PRESSIONS DES AUTORITES BRITANNIQUES 92% DES SOLDATS DE LA DIVISION NE SONT PAS RENTRES DANS LEUR PAYS

 



13/11/2007
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